“Le charognard, le boucher et le guerrier. Essais sur l’œdipe mélancolique”

Argument

Les destins du complexe d’Œdipe sont multiples et paradoxaux. Parmi ceux-ci, l’Œdipe mélancolique occupe une place toute particulière. Là où l’on ne croit percevoir que défaite, châtiment inflexible, masochisme mortifère, voire « pure culture de mort », se détache, après une lecture plus fine, l’accomplissement d’une sexualité prégénitale fortement déliée (ou excessivement figée) au niveau d’une relation duelle d’où l’impact de toute figure tierce (Dieu, père ou destin) tend à être exclu. Dans l’Œdipe mélancolique, les amants – parfois incestueux – ont tendance à faire corps commun, dans la vie comme dans la mort.
Le cadavre gelé dans la montagne de Giuseppe, le corps momifié d’Antigone, la mâchoire de Ludivine, le bras d’Abra, la cheville d’Œdipe… Autant d’organes hétéroclites – atteints, de surcroît, de pathologies diverses – à l’endroit desquels se joue un conflit œdipien de type mélancolique. Présente sous une forme discrète chez le névrosé, cette face sombre de l’Œdipe surgit de façon plus manifeste dans certaines pathologies bipolaires, somatiques, addictives, borderline ou psychotiques, là où les assises narcissiques du sujet sont plus fragiles. Le deuil d’une figure méconnue, secrète, invisible et informe est toujours présent dans l’Œdipe mélancolique et se révèle le plus souvent après avoir examiné la généalogie d’un individu sur plusieurs générations.
Le charognard, le boucher et le guerrier sont des figures privilégiées pour l’analyse de l’Œdipe mélancolique, que nous allons longuement explorer. Nous privilégierons le dialogue avec la préhistoire en nous appuyant sur les acquis les plus récents, que ceux dont Freud bénéficia lorsqu’il écrivit Totem et Tabou. Le peintre, le dramaturge et le poète sont des éclaireurs avisés pour nous guider dans cette exploration.
Il y va du succès du travail analytique, mais peut-être aussi de la survie de l’espèce humaine, d’accepter de faire un détour par l’analyse de la face sombre de l’Œdipe avant de s’aventurer plus fermement dans l’analyse de sa face érotique.

Résumé

La source principale de la démarche de Vladimir Marinov est la clinique analytique : celle des dépressions graves, des anorexies et des boulimies, des fonctionnements limites, des perversions ou des psychoses. L’œdipe mélancolique, essentiellement prégénital et préobjectal, n’est pas exempt d’un certain érotisme mais il s’agit d’un érotisme macabre, nécrophile et nécrophage, souvent secret et inconscient. De concert avec la clinique analytique, l’auteur revisite certains textes cliniques majeurs de Freud, en particulier sur L’Homme aux rats et Schreber, ainsi que certains chefs-d’œuvre de la littérature : Œdipe roi et Œdipe à Colone, Hamlet, La balade des pendues de Villon, Le corbeau de Poe et la Charogne de Baudelaire. Des tableaux de Bacon sont également mis à profit.
Depuis le siècle dernier, les moyens de destruction des espèces humaines, animales et végétales ont pris une ampleur sans précédent. Nous en sommes aujourd’hui les agents actifs ou les témoins passifs. Est-il encore possible d’éluder la problématique du « commerce avec les cadavres », qui peut être vécue par l’humain comme une victoire macabre ? Ne faudrait-il pas tenir compte de cette dimension afin de lui opposer, lucidement, l’amour du vivant ?

Auteur

Membre de l’Association psychanalytique de France, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord, membre de l’Unité transversale de recherche psychogénèse et psychopathologie (UTRPP), Vladimir Marinov a longtemps travaillé en institution psychiatrique. Parmi ses ouvrages, L’Anorexie une étrange violence, et Les Méfiants (Puf 2008, et 2018).

Informations

Nombre de pages : 392
Code ISBN : 978-2-13-082398-8
Format : 13.5 x 20 cm
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