Thèse soutenue par Carelle Koumba et dirigée par le Professeur Yoram Mouchenik.
Composition du jury
Pascale Molinier, Professeur, Université Paris 13 SPC, Présidente du jury
Yoram Mouchenik, Professeur, Université Paris 13 SPC, Directeur de thèse
Valérie Mazoyer, MCF HDR, Université de Toulouse Jean Jaurès, Rapporteuse
Daniel Derivois, Professeur, Université de Bourgogne, Rapporteur
Muriel Bossuroyn MCF, Université de Lyon 2, Membre du jury
Thierry Baubet, PRPH, Université Paris 13 SPC, Membre du jury
Sylvie Epelboin, PH, Responsable de l’unité d’AMP, Hôpital Bichat, Invitée
Résumé de la thèse
Cette recherche clinique vise à explorer l’itinéraire et le vécu de l’APM en contexte migratoire dans l’un des centres d’aide médicale à la procréation en Ile-de-France qui est spécialisé dans le traitement des personnes ayant un risque viral. La présente étude a pour but de travailler sur les processus acculturatif et l’imaginaire pré et post prise en charge tout en mettant en lien avec les « scénarios émergents » idéalisées, de ce qu’est l’AMP, construction qui au fil des échecs se heurte à la réalité. Cette étude propose aux professionnels de santé des pistes de réflexion afin d’améliorer la prise en charge médicale et psychologique des femmes migrantes africaines.
Ce travail s’appuie sur une analyse qualitative des entretiens (semi structurées et libres) auprès de 18 femmes migrantes âgées de 25 42 ans ayant entamé une prise en charge médicale. Ces femmes sont d’origines géographiques diverses et variées ce qui fait la richesse de notre échantillon théorique.
Les catégories d’analyse émergentes ont été obtenues de façon inductive grâce à la théorie ancrée (Grounded Theory) et la méthode complémentariste qui nécessitent de façon obligatoire mais non simultanée, le discours de la psychanalyse et celui de l’anthropologie. En complément de cette analyse, un codage des catégories a été réaliser avec N’vivo 10 qui est un logiciel d’aide à classification et à l’analyse de contenu du matériel empirique, mais, ce logiciel ne se substitue pas au chercheur ni à l’analyse papier crayon. Il ressort de ces catégories des hypothèses théoriques importantes comme le fait que le degré d’acculturation, la durée du séjour et l’origine géographique ont une incidence sur les représentations du désir d’enfant et celle de l’infertilité. En effet, ce parcours révèle un parcours d’émancipation sociale avec une envie de se libérer des normes du genre. Toutefois, en fonction de degré d’émancipation et de l’origine géographie, elles restent dépendantes de normes de la reproduction propre à leur univers culturel.
En ce qui concerne le vécu de l’AMP, on peut dire qu’il est marqué d’une phase d’idéalisation optimiste et qui aboutit à la désillusion induite par les échecs répété qui aboutissent à un traumatisme. Cependant, les femmes mettent en place une stratégie de lutte antidépressive et de restauration narcissique comme l’abandon du parcours d’AMP sans explication à l’équipe médicale et qui à son tour favorise de l’incompréhension. Enfin, il y a une persistance de la dépression chez les femmes qui arrivent à la fin de leur prise en charge médicale car elles n’ont pas fait un travail de deuil la fonction reproductive et de l’enfant biologique. Outre les résultats issus des données empiriques 6 cas d’analyses cliniques transversales ont été effectuées avec des entretiens qui avaient du matériel clinique et des enjeux transféro contre-transférentielles. Enfin l’analyse des mouvements transféro contre-transférentielles autour des situations observées lors de notre étude de terrain mettent en relief un clivage représentationnel (entre médecin sensible à l’altérité et d’autres qui prône la culture médicale) au niveau de l’équipe médicale, avec un fonctionnement qui manque d’empathie et de compassion où « tout est militaire » ou « industriel ».