Soutenance de thèse de Sophie Mercier Millot
Sous la direction de Pascale Molinier, Professeure des universités et Valérie Ganem, Maîtresse de conférences HDR
Titre de la thèse
De la démotivation à l’engagement dans le travail.
Processus de subjectivation dans un atelier chantier d’insertion.
Membres du jury
Malika MANSOURI, Professeure des universités (UTRPP, Sorbonne Paris Nord)
Morgane KUEHNI, Professeure HES (HETSL, Lausanne)
Didier DRIEU, Professeur des universités (CRFDP, Université de Rouen)
Patrick CINGOLANI, Professeur des universités (LCSP, Université de Paris Cité)
Éric HAMRAOUI, Maître de conférences HDR (CNAM Paris)
Présentation
Cette recherche de thèse porte sur l’analyse du travail et les processus de subjectivation à l’oeuvre dans un Atelier chantier d’insertion (ACI) dans le cadre d’une problématique nouée autour de la question de la démotivation des salarié.es en parcours d’insertion à l’égard de l’accompagnement vers l’emploi. L’épistémologie centrale est celle de la psychodynamique du travail qui s’attache à l’analyse des enjeux psychiques du sujet au travail. L’enquête menée sur ce terrain présente la particularité de porter à la fois sur le travail des personnes en parcours et sur celui des permanent.es de la structure. L’investigation conjointe décrit la façon dont les travailleurs et les travailleuses parviennent à s’affronter au prescrit d’insertion, comment ils et elles se défendent de la souffrance – au sens conceptuel de la psychodynamique du travail – induite par le « sale boulot » sur le chantier et par l’objectif institutionnel. Après avoir replacé le dispositif d’insertion en perspective de l’histoire de la grande pauvreté qui l’a construit, cette recherche propose une déconstruction critique de la problématique de démotivation qui se révèle être une négation du désir des salarié.es et une casse de leur mobilisation spontanée. L’abandon de la focale de la démotivation, au profit d’une problématique d’engagement dans le travail montre que les processus de subjectivation se déploient pour l’essentiel en marge de l’accompagnement. Leur destin n’est pas fixé à l’avance. Les résultats indiquent que les professionnel.les travaillent en s’appuyant à la fois sur les ressources de la désobéissance civile et sur une stratégie péjorative souple pour se protéger de la souffrance éthique. Du côté des salarié.es en insertion, il apparait que la marge de liberté laissée par l’organisation du travail offre un espace de coopération propice à la pratique de réticences discrètes qui leur permet de s’extraire des processus de domination contextuels et finalement d’emprunter une voie émancipatoire. Ainsi si le rejet de l’accompagnement professionnel constitue la partie initialement visible des subjectivations à l’oeuvre, leur prolongement dans d’autres sphères de leur vie pourrait se révéler être la réussite majeure du chantier. En conséquence, le succès en matière d’émancipation – ou du moins de la possibilité d’une émancipation – pourrait-il partiellement se mesurer à l’aune de la réticence des salarié.es aux attendus du dispositif.
Mots-clés
Travail en insertion, accompagnement, démotivation, émancipation, processus de subjectivation, subalternité, psychodynamique du travail, division morale du travail.