Colloque “Le corps de la mélancolie”
Argument
Lorsqu’on parle de mélancolie on évoque volontiers l’image de l’ombre, des ruines les humeurs noires, le sentiment de tristesse …
« L’ombre de l’objet est tombée sur le moi »…. qui ne connaît pas cette célèbre formule de Freud avancée dans son texte Deuil et mélancolie, de 1914 texte qui marque un tournant dans son œuvre car c’est bel et bien ce modèle de la mélancolie qui désormais va supplanter celui de l’hystérie.
Mais de quel objet s’agit-t-il ? Et de quel moi ?
Parler de moi et d’objet n’implique-t-il pas de considérer que moi et objet sont distincts alors que leur séparation dans certains cas est vécue comme un arrachement corporel, et que le survivant veut faire encore corps commun avec le mort ?
Et de quel corps s’agit-t-il : érogène, spéculaire, auto-conservateur ?
Lorsque l’ombre du disparu revient sous la forme d’un revenant voire d’un vampire ce n’est pas pour envelopper son moi dans une ombre évanescente mais pour s’attaquer à sa vie comme Freud lui-même le remarque dans Totem et tabou.
Qu’est-ce qui fait qu’après certaines séparations le corps lui-même soit atteint dans l’équilibre, le fonctionnement de ses organes ou encore déforme son apparence ?
Maladies somatiques, addictions, anorexies, boulimies, obésités, scarifi cations adolescentes, tentatives suicidaires : nombre important de « deuils pathologiques » débouchent davantage sur une « amputation » et difformité corporelle que sur une humeur mélancolique. Est-ce parce que la Douleur est un Janus à double visage l’un tourné vers psyché l’autre tourné vers le corps ?