Thèse soutenue par Alexandra Bouchard et dirigée par le Professeur Aline Cohen de Lara.
Composition du jury
Pr. Solange Carton, Université Montpellier 3, Rapporteur
Pr. Aline Cohen de Lara, Université Paris 13 – SPC, Directrice de thèse
Pr. Laurent Mandelbrot, Université Paris 7 – SPC, Examinateur
Pr. Wladimir Marinov, Université Paris 13 – SPC, Président
Pr. Sylvain Missonnier, Université Paris 5 – SPC, Examinateur
Pr. Hélène Riazuelo, Université Paris 10 – Nanterre, Rapporteur
Madame Jacqueline Schaeffer, Membre titulaire de la SPP, Invitée
Résumé de la thèse
Dans un contexte de médicalisation de la naissance et de banalisation de la césarienne, la littérature et la clinique rendent compte de l’émergence des demandes maternelles de césarienne, sans indication médicale, pour un premier enfant. Cette recherche explore, dans le référentiel psychanalytique, l’expérience somatopsychique singulière de l’accouchement. Elle aborde la question de l’emprunt de la filière génitale sous l’angle de l’effraction pulsionnelle, en référence à la théorie freudienne du trauma, en articulation avec celle du développement psychosexuel féminin. Le recours à la césarienne pourrait-il s’entendre comme une modalité spécifique de traitement de l’excitation sexuelle — génitale et infantile — suscitée par les représentations et l’expérience du corps lors de l’accouchement ?
Méthodologie : Cette recherche-action clinique, qualitative, comparative, et longitudinale, s’est déroulée à trois temps du pré- et du post-partum. Les outils de recherche utilisés sont l’entretien semi-directif clinique de recherche, le dessin et la passation d’auto-questionnaires. L’échantillon est constitué de 22 primipares, 10 femmes ayant demandé à accoucher par césarienne et 12 femmes tout-venant.
Résultats : Le recours volontaire à la césarienne permettrait de contenir l’intensité pulsionnelle suscitée par les représentations manifestes et latentes de l’expérience corporelle de l’accouchement par voie basse ; quand chez les femmes tout-venant, l’appréhension de la douleur semblerait jouer au plan latent ce rôle pare-excitant. La conflictualité entre la réalisation fantasmatique des voeux oedipiens et le nécessaire maintien du lien à l’imago maternelle se rejouerait sur le temps de l’accouchement pour les femmes des deux groupes. Le refus de la position passive et, dans certains cas, l’existence d’un lien fusionnel à l’imago maternelle préoedipienne seraient caractéristiques des femmes ayant demandé à accoucher par césarienne. Pour certaines d’entre elles, le recours à la césarienne semblerait participer du dégagement d’avec l’objet primaire, toujours prévalent ; le recours à la césarienne faisant alors fonction de tiers séparateur. D’autres pistes, telle que la fragilité de l’étayage corporel comme support du narcissisme, sont apparues au cours de la recherche, et nécessiteraient d’être explorées lors de travaux ultérieurs.